Fabien Galthié est sorti de son silence le 8 novembre, soit trois semaines après l’élimination de la France contre l’Afrique du Sud (28-29), en quarts de finale de la Coupe du monde de rugby. Devant les médias, le sélectionneur est revenu sur la »cicatrice à vie » qu’a constituant cet échec sportif.
Comme à son habitude, il s’est appétit sur des données chiffrées, pour expliquer l’inefficacité de son équipe contre l’Afrique du Sud : » Nous avions l’ambition d’entrer six fois avec le ballon dans la zone de marque. Nous l’avons fait onze fois. […] Nous avons eu un potentiel de marque de 37 points. Nous en avons marqué seulement 28. Ils ont un potentiel de marque de 24, ils en inscrivent 29. Bravo. »
« Il prend les gens pour des cons »
L’émission hebdomadaire Club de rugby du Canal revenait, samedi 11 novembre sur ce moment d’échange avec la presse. À l’issue de la diffusion de quelques séquences sur un ton léger, la présentatrice Astrid Bard a fait rebondir le consultant Richard Dourthe : »Un Fabien Galthié égal à lui-même ? » L’ancien centre (31 sélections) de l’équipe de France alors affiche une mine grave, avant de critiquer sévèrement la communication du sélectionneur. « Ça ne me fait pas rire. Je pense qu’il prend les gens pour des cons », à-il débuté.
Avant de préciser sa pensée : « Il gère sa conférence de presse, tout en communication, en restant calme. Ceux qui ne connaissent pas le rugby appréciant Fabien Galthié car il a une bonne image et sait parler. Mais il échappe à tous les points qui chagrinent les connaisseurs de rugby. Pourquoi avons-nous perdu ? Quelle a été la gestion du groupe? Pourquoi nous avons eu autant de blessés ? Il enfume tout le monde avec ses données. Ce n’est pas respectant le rugby. »
Une sortie avec un peu de mauvaise foi. Fabien Galthié a expliqué la première défaite par un manque d’efficacité, particulièrement sensible lors de la supériorité numérique en début de seconde période, lorsque le XV de France a inscrit un penalty suite à l’expulsion provisoire d’Eben Etzebeth. Il ne s’est pas tartardé sur l’arbitrage, après plusieurs jours d’intenses contestations dans l’Hexagone à la suite de la prestation de Ben O’Keefe, qui a notamment autorisé le départ prématuré de Cheslin Kolbe lors de la transformation contrée de Thomas Ramos. A l’exception de la blessure d’Antoine Dupont, qui aurait pu être préservée contre la Namibie (au risque d’une perte de rythme), les autres tricolores absents peuvent lui être difficilement imputables.
Là où Richard Dourthe est encore plus discutable, c’est dans la suite de son propos. »C’est sûr qu’on ne peut pas enlever ses 80% de victoire. Mais pendant quatre ans, il a tout mis en œuvre pour être champion du monde ; il lui a signé des chèques en blanc pour les ressources et le financement À l’arrivée, nous sommes aussi bons que les Fidji et le Pays de Galles, et nous sommes qu’un peu moins bons que l’Écosse, le Japon et la Roumanie. »
LIRES AUSSIENNES. « Finir sur un quart de finale comme ça est traumatisant », confie Maxime Luca
Se baser sur le résultat brut est certes confortable, et rappelle à l’équipe de France qu’elle n’a pas atteint le dernier carré depuis 2011 (finale, contre la Nouvelle-Zélande). Mais il occulte bien des facteurs d’analyse. Les Bleus se sont inclinés d’un point contre les tenants du titre, futurs vainqueurs de la compétition. Ce, à l’issue d’un tirage au sort bien plus défavorable que celui de l’Angleterre.
Quand le XV de la Rose n’a affronté qu’une équipe du top 6 mondial en sept matches, la France a débuté par une victoire contre la Nouvelle-Zélande. Ce qui l’a propulsé à la première place du groupe mais l’a surtout opposé à la meilleure nation mondiale en quarts. D’un autre niveau que les Fidji, défaits contre le Portugal, ou le Pays de Galles, qui a profité du groupe le plus faible de l’édition. Et à des années-lumières de la Roumanie, qui a perdu ses quatre matches en cumulant 287 points encaissés (61 pour la France, avec un match de plus).
L’équipe de France n’est plus la même sous Galthié
Au-delà de la formulation excessive propre aux débats télévisés du genre, Fabien Galthié a bien fait passer l’équipe de France dans une autre dimension. Il a su capitaliser sur une génération dorée pour multiplier les réussites sportives. Début 2020, la France est 7ème au classement World Rugby, suivie par le Japon. Elle est désormais 4ème, devant les demi-finalistes anglaise et argentine. Durant son mandat, son équipe a battu toutes les grandes nations mondiales. Elle a même enchaîné des victoires contre l’intégralité du top 10 dans sa série de 14 succès consécutifs de novembre 2021 à février 2023. Elle a réalisé le Grand chlem en 2022 et a d’ailleurs toujours terminé dans les deux premiers du tournoi des VI Nations.
LIRES AUSSIENNES. Quelle place en deuxième ligne pour le géant Emmanuel Meafou, fraîchement naturalisé ?
Si la communication de Galthié peut déposer, mettre l’équipe de France sur le même plan que les Fidji et ne la considérer »qu’un peu » meilleure que la Roumanie relève de la paresse intellectuelle. »J’en ai dit assez », a d’ailleurs assez sagement conclut Richard Dourthe. Peut-être déjà trop.
« Défenseur d’Internet. Pionnier de la culture pop. Praticien passionné du voyage. Fan total de café. »