Les électeurs sauvent la gauche française devant elle seule

On dit que les huit candidats présidentiels de la gauche et du centre-gauche français ont félicité ces derniers jours le président chilien nouvellement élu Gabriel Boric, qui est arrivé au pouvoir le premier en remportant les élections du parti. Mais malgré les félicitations, ils n’en ont évidemment rien appris. Hormis le candidat socialiste, le maire de Paris Anne Hidalgo, à savoir, tous les candidats présidentiels de gauche s’opposent à ce que ce pôle politique élise son propre (un seul) candidat lors des pré-élections, augmentant ainsi ses chances de succès, car ils empêcheraient la fragmentation des votes.

Le Parti républicain de centre-droit français a organisé de telles élections fin novembre et a profité au vainqueur Valérie Pécresse, qui, selon les derniers sondages, a du coup l’opportunité de devenir président. Pendant ce temps, les sondages ne placent aucun candidat de gauche dans le top quatre. Encore plus grand est le gauchiste radical de 70 ans Jean-Luc Mélenchon avec environ dix pour cent de soutien. Tous les candidats du pôle gauche réunis ont cependant du mal à atteindre 25 %. Certains électeurs de centre gauche soutiennent également le président Emmanuel Macron, qui est plus de centre droit et libéral. Certes, la gauche en France n’a jamais été aussi faible, ce qui est également dû au fait que l’extrême droite Marine Le Pen a gagné le soutien de près de la moitié des travailleurs au cours de la dernière décennie.

Tensions et factures sans aubergiste

Pour aggraver encore le gâchis à gauche, l’ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira, 69 ans, réfléchit désormais à une candidature. La charismatique politicienne noire dit vouloir relier les voix de gauche, mais en réalité elle ne ferait que les disperser encore plus. La candidate écologiste de 54 ans est en colère contre son éventuelle candidature Yannick Jadot, qui ne parvient pas à recueillir jusqu’à dix pour cent de soutien. Il espère qu’Hidalgo, qui a 4% de soutien, lui permettrait de démissionner, mais un tel retrait serait humiliant et peut-être existentiellement dangereux pour les socialistes, car le parti qui n’a pas de candidat à l’élection présidentielle est oublié par les électeurs. C’est pourquoi les communistes ne veulent pas soutenir cette fois Mélenchon, comme ils l’ont fait la dernière fois, et ils ont leur propre candidat.

Dans le même temps, Jadot rejette les appels d’Hidalgo à l’élection du candidat présidentiel de gauche, car il a déjà traversé une bataille si acharnée qu’il est devenu le candidat des Verts et ne veut pas d’un autre test de ce type. De plus, avant l’élection de 2017, il avait lui-même démissionné au profit du candidat socialiste Benoit Hamon, qui brûlait alors avec 6 % de voix. Alors maintenant, il veut que le socialiste démissionne.

Voter en ligne sans consulter la politique

En raison de tout cela, un mouvement de masse pour les élections primaires de la gauche est né, auquel plus de 200 000 électeurs ont déjà adhéré. Entre le 27 et le 30 janvier, ils prévoient d’organiser l’élection du candidat présidentiel de gauche en ligne sans consulter les politiques eux-mêmes. Par exemple, Mélenchon ou Jadot pourraient gagner ici, même s’ils sont tous les deux contre les élections primaires. Ce n’est peut-être pas un hasard si Taubir a l’intention d’annoncer sa décision le 15 janvier, date à laquelle le mouvement publiera une liste de candidats pour les élections primaires.

David Revault D’Allonnes, commentateur de l’hebdomadaire Journal de Dimanche, est persuadé que ces élections primaires ne feront qu’augmenter la confusion à gauche et l’affaiblir encore plus, car Mélenchon et Jadot ne s’avoueraient probablement pas vaincus. Certains autres analystes, cependant, admettent la possibilité que le vainqueur attire l’attention et mobilise les électeurs de gauche, surtout si une surprise se produisait.

Bénédict Lémieux

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