Le président français Emmanuel Macron a perdu dimanche 19 juin sa majorité absolue après des gains électoraux importants grâce à une alliance de gauche nouvellement formée et une percée historique pour l’extrême droite, portant un coup dur à ses espoirs de réformes majeures au cours de son deuxième mandat.
Le second tour des élections a été décisif pour le programme du deuxième mandat de M. Macron après sa réélection en avril, l’homme de 44 ans ayant besoin d’une majorité pour obtenir les réductions d’impôts et la réforme sociale promises et relever l’âge de la retraite.
Son Ensemble ! La coalition était en passe de devenir le premier parti à la prochaine Assemblée nationale, mais avec 234 sièges, bien loin des 289 sièges nécessaires pour obtenir une majorité, selon les premiers résultats d’Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France, France 24- RFI-MCD et LCP Assemblée Nationale.
S’ils étaient confirmés, les résultats terniraient gravement la victoire de M. Macron à l’élection présidentielle d’avril, où il a battu l’extrême droite et deviendrait ainsi le premier président français à remporter un second mandat depuis plus de deux décennies.
Le nombre de sièges attendu pour le Rassemblement National de Marine Le Pen (90) constitue une avancée historique. Une seule fois, sous la Ve République, l’extrême droite a franchi le seuil permettant de former un groupe à l’Assemblée (15 députés), ce qui lui permet de disposer de certaines ressources et prérogatives parlementaires.
La seule fois où cela s’est produit, c’était en 1986, lorsque le père de Mme Le Pen, Jean-Marine Le Pen, a dirigé pendant deux ans un groupe de députés du Front National. Ils ont été élus lors des seules élections législatives jamais organisées au scrutin proportionnel.
Pour le NUPES, la gauche unie de Jean-Luc Mélenchon, le nombre de sièges estimé (141) montre une forte progression par rapport à il y a cinq ans. L’ensemble de la gauche détenait 67 sièges dans la législature sortante, les Verts, en particulier, ayant trop peu de députés pour former leur propre groupe.
Contrairement à 2017, les partis de gauche ont formé une alliance avant les élections, s’accordant sur le partage des circonscriptions électorales afin d’éviter de se faire concurrence lors du scrutin. Ce résultat permettra à trois des quatre principaux partis (La France Insoumise, les Socialistes et les Verts) de former chacun leur propre groupe. Mais les communistes, estimés à 13 sièges, risquent de perdre les leurs.
Le parti conservateur Les Républicains (LR) devrait remporter 75 sièges, contre 101 lors de la législature précédente. Mais il s’agit d’une amélioration significative par rapport à l’élection présidentielle, où leur candidate Valérie Pécresse avait obtenu 4,78 %.
Ne pas obtenir la majorité oblige M. Macron à nouer des partenariats délicats avec d’autres partis sur le droit de forcer l’adoption de lois.
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Il pourrait y avoir des semaines d’impasse politique alors que le président cherche à tendre la main à de nouveaux partis. L’option la plus probable serait une alliance avec Les Républicains LR.
Le scénario cauchemardesque pour le président – la gauche obtenant la majorité et Mélenchon à la tête du gouvernement – semble cependant exclu.
Les résultats sont « loin de ce que nous espérions », a déclaré le ministre du Budget Gabriel Attal sur la chaîne TF1, tandis que le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a déclaré à la télévision BFM : « Nous sommes en première position mais c’est une première place qui est évidemment décevante ».
De son côté, le numéro deux de la leader d’extrême droite Marine Le Pen, Jordan Bardella, a salué la performance de son parti comme un « tsumani ».
La campagne du parti au pouvoir a été assombrie par l’inquiétude croissante suscitée par la hausse des prix, tandis que la nouvelle Première ministre Elisabeth Borne n’a pas réussi à avoir un impact au cours d’une campagne parfois terne.
Des reportages de la télévision française ont rapporté que Mme Borne, élue en Normandie, s’était rendue à l’Elysée pour s’entretenir avec M. Macron avant même la publication des projections.
Les emplois des ministres candidats aux élections étaient également en jeu en vertu d’une convention selon laquelle ils devraient démissionner s’ils ne parvenaient pas à remporter des sièges.
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