Les organisations non gouvernementales insistent sur le fait qu’exclure les prisonniers du processus démocratique n’a aucun sens et constitue une violation de leurs droits humains. L’opinion opposée a été exprimée hier par la plus haute instance judiciaire de l’Union européenne, dont les membres ont décidé que l’interdiction de participation aux élections pour certaines catégories de prisonniers pouvait être justifiée et légale.
Pour Thierry Delvigne, le droit de vote n’existe pas. En tant qu’ancien prisonnier condamné à 12 ans de prison pour meurtre par un tribunal français en 1988, il ne peut pas participer aux élections et exprimer sa volonté démocratique. Même si en France, où il est né, les autorités ont levé l’interdiction automatique de voter pour les prisonniers dans la première moitié des années 1990, Delvigne ne peut toujours pas voter et voter pour son candidat ou son parti, car le changement de loi ne s’applique pas. rétroactivement.
Convaincu que la France enfreint le droit européenqui permet à tous les citoyens des vingt-huit pays de participer aux élections au Parlement européen, et viole ainsi leurs droits civils et politiques, après plusieurs années de liberté, il a décidé de porter plainte contre l’État.
La Cour de justice de l’Union européenne (CEU), la plus haute instance judiciaire de l’UE, a rejeté hier, en réponse à une question d’un tribunal français, sa demande, contrairement aux prévisions, et a décidé que l’interdiction de participation aux élections pour certaines catégories de détenus ne viole pas la législation européenne existante. Comme indiqué dans la déclaration publique, l’État membre peut limiter le droit de participation dans certaines circonstances. « Dans cette affaire, le tribunal estime que l’interdiction imposée à Thierry Delvigne est proportionnée, car elle reflète la nature et la gravité de l’infraction pénale commise ainsi que la durée de la peine. »
Croyances victoriennes
Si le tribunal en décidait autrement, cela constituerait un précédent juridique selon lequel les pays européens qui insistent pour interdire aux (anciens) prisonniers de participer aux élections devraient abolir complètement les restrictions existantes. Mais cette décision pourrait encore avoir de graves conséquences, notamment pour les pays où la privation automatique du droit de vote est en vigueur.
Le procès a été particulièrement suivi au Royaume-Uni, où depuis 2005 les gouvernements successifs ont ignoré les appels de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) demandant au pays de modifier la législation qui empêche les prisonniers de participer aux élections. La Cour de Strasbourg, qui ne fait pas partie de l’UE mais du Conseil de l’Europe, a jugé à plusieurs reprises au fil des années que la privation automatique du droit de vote des prisonniers constituait une violation des droits de l’homme et a estimé que toute privation du droit de vote devait faire l’objet d’une décision judiciaire. .
Les ONG et les défenseurs de la réforme pénitentiaire estiment que l’interdiction britannique est erronée sur les croyances victoriennesselon lequel les prisonniers doivent en même temps être totalement exclus de la vie civile.
Le Premier ministre britannique David Cameron, qui défend fermement l’interdiction existante, examine au contraire la question principalement sous l’angle au contexte du maintien de la souveraineté britannique à une époque de fortes tendances à l’intégration européenne. Avant même la décision de la CJUE, il avait annoncé que le Royaume-Uni ignorerait les conséquences d’une éventuelle décision en faveur du demandeur. Néanmoins, le verdict
affirme le droit des États à empêcher les prisonniers de voter dans des cas individuels, pose un problème au gouvernement britannique car il rejette la pratique actuelle selon laquelle un État retire le droit de vote sans décision judiciaire préalable, l’exposant à une série de nouveaux risques potentiels. poursuites.
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