L’auteur est historien, Institut d’histoire de l’Académie slovaque des sciences
L’éclatement de la Tchécoslovaquie en mars 1939, ainsi que les événements précédents (surtout à Munich), provoquèrent une vague de dissidence et d’opposition dans l’opinion américaine. Et comment l’attitude de l’Amérique officielle s’est-elle développée en ces jours critiques de mars ? Nous pouvons le cartographier à travers les rapports des diplomates américains à Paris, Rome, Berlin, Londres et Prague adressés à son siège social – le Département d’Etat (Ministère des Affaires étrangères) à Washington. Il convient de noter que ces rapports ne couvrent pas entièrement la position américaine, mais ne sont qu’un échantillon de la raison pour laquelle les États-Unis ont réagi comme ils l’ont fait. Et ils montrent un autre fait non inintéressant. Ils n’apportent pas d’informations sur ce qui s’est passé en Tchécoslovaquie, mais plutôt sur les réactions des pays dans lesquels ces diplomates ont travaillé.
Désintégration, effondrement, destruction, disparition ?
L’incohérence terminologique de ces documents américains est également intéressante. Les télégrammes des ambassadeurs mentionnent plusieurs expressions concernant les événements en Tchécoslovaquie, par exemple éclatement, destruction, destruction, disparition.
Les nouvelles les plus complètes à Washington le 14 mars 1939 sont venues de l’ambassadeur William Bullit. Son premier télégramme de la journée est une information sur des entretiens avec le ministre français des Affaires étrangères Georges Bonnet. Bonnet lui a dit qu’il avait appelé Prague dans la matinée et que l’ambassadeur de France lui avait dit ce qui suit : Le gouvernement tchécoslovaque était très préoccupé par les développements, mais n’avait tout simplement aucune idée de ce qu’il fallait faire. Bonnet supposait toujours que les Hongrois et les Polonais occuperaient la Russie subcarpathique. En revanche, compte tenu du contrôle allemand sur la Slovaquie, aucune opposition du gouvernement français n’était attendue.
Un autre télégramme de Paris au Département d’État du 14 mars 1939 indiquait que le gouvernement français suivait une politique en vue de la nouvelle crise en Tchécoslovaquie. « Attente vigilante » (attente vigilante). Selon lui, il était bien sûr clair que cette situation avait été provoquée par les Allemands dans le but de détruire la Tchécoslovaquie, pensant que leur politique d’expansion vers l’est serait facilitée. Une part importante de complicité dans cette «vente» de la Tchécoslovaquie a également été attribuée à des parties d’éminents dirigeants slovaques. Il devrait être dans cette optique « Un problème compris comme un problème interne à résoudre entre les Tchèques et les Slovaques et non à appeler la France à l’action ». Néanmoins, le gouvernement français aurait cru vouloir demander à Berlin quel était le but de l’Allemagne avec la Tchécoslovaquie.
Le troisième télégramme de Paris à Bullit ce jour-là décrivait une position possible de la Grande-Bretagne, ainsi que l’opinion de l’élite politique et militaire française. Il a appris de l’ambassadeur britannique à Paris ce que son gouvernement avait l’intention de faire en relation avec les développements en Slovaquie. Il a répondu qu’il ne pouvait imaginer que le gouvernement britannique développe une quelconque activité. Selon lui, il n’y avait aucune preuve que la rébellion slovaque contre les Tchèques ait été formée par les Allemands. Il ne voit la contradiction au sein de la Tchécoslovaquie que parmi les Slovaques eux-mêmes, de sorte qu’ils ne voient pas la raison d’une quelconque intervention du gouvernement britannique. L’ambassadeur britannique a également déclaré à Bullit que, selon des responsables français, « la révolte slovaque contre les Tchèques n’était que la preuve que la Tchécoslovaquie était toujours « non viable » (non viable)c’est-à-dire qu’il est né, mais il n’a jamais prouvé sa capacité à exister de manière indépendante. «
« Cote à cote »
Bullit a offert à la presse française une réponse aux événements immédiats dans un autre télégramme daté du 14 mars 1939. Il a déclaré que la première presse parisienne offrait un aperçu des événements des trois ou quatre derniers jours en Europe centrale sans suggérer aucune ligne de conduite à suivre. suivre. gouvernement français. Les partisans et les détracteurs de l’Accord de Munich s’accordent à dire que dans ces circonstances, rien ne peut être fait pour sauver la Tchécoslovaquie. Selon Bullit, il n’est pas surprenant que l’intérêt de la presse française se soit surtout focalisé sur le fait de deviner les idées du futur mouvement allemand aux dépens de Prague. Une autre théorie est que la Slovaquie servira immédiatement de tremplin pour une montée dévastatrice vers l’est. Aujourd’hui, Nik n’ose pas exprimer une opinion catégorique sur comment, où et dans quelles limites la vérité réside dans ces hypothèses, mais tout le monde s’accorde à dire que la disparition de la Tchécoslovaquie n’est pas annonciatrice d’un avenir prometteur. A Paris, on dit que les métropoles de la Seine et de la Tamise doivent continuer à faire front commun (« cote à cote »).
Les télégrammes de Bullit du 14 mars 1939 confirment le fait que la France refuse de démanteler la Tchécoslovaquie, mais ne sait pas comment réagir, et qu’elle n’interviendra pas activement dans le développement. La tiédeur de l’activité diplomatique française à l’égard de Berlin n’engage en fait pas Paris.
L’initiative de Londres ce jour-là était-elle différente des activités de Paris ? Il n’y avait aucune confirmation du télégramme du département américain par l’ambassade des États-Unis en Grande-Bretagne. Le ministère des Affaires étrangères ne disposerait pas d’informations précises, bien que la situation semble assez claire sur le fait qu’Hitler a l’intention d’intervenir sous une forme ou une autre. Cela suscitera naturellement des inquiétudes chez les autres gouvernements. Le gouvernement britannique n’a pas encore organisé de manifestations diplomatiques à Berlin et n’a pas l’intention de le faire pour le moment. Cependant, on dit qu’il faudra que Londres fasse une déclaration plus tard, en fonction de l’évolution.
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