La tempête parfaite dans la politique française ne fait que s’intensifier

A dix-huit jours des élections législatives anticipées, qu’il a convoquées dimanche soir, le président français Emmanuel Macron est entré à toute vapeur dans la bataille électorale. Dans un discours de deux heures devant les Français hier midi, il a d’abord déclaré qu’il avait opté pour cette démarche risquée, qui pourrait amener l’extrême droite au pouvoir, en raison de sa large victoire aux élections européennes de dimanche, estimant qu’il s’agissait impossible de faire comme si cela ne s’était pas produit. rien ne s’est produit, et aussi parce que son gouvernement n’a pas pu prendre de mesures urgentes sans une majorité absolue à l’Assemblée au cours des deux dernières années.

Il a ensuite appelé à l’unification des partis de droite et de centre gauche contre l’Assemblée nationale d’extrême droite de Marine Le Pen et Jordan Bardella et contre la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon. Il a sévèrement critiqué le leader des Républicains de droite, Eric Ciotti, pour avoir conclu un « pacte avec le diable », alors qu’il est associé depuis lundi à Le Pen et Bardella. Ciotti a ensuite été exclu du parti en raison de sa violation des règles, et les républicains se sont retrouvés dans une grave crise. Macron n’a pas été moins dur envers les socialistes, car ils sont désormais également associés à Mélenchon après avoir gagné en force aux élections européennes.

Macron pour la coopération, Le Pen peut se permettre de ne pas y aller

Le camp centriste de Macron a besoin de toute urgence de la coopération des socialistes et des républicains lors de ces élections législatives, sinon il court au désastre. Sa liste n’a obtenu que 14,6 pour cent des voix aux élections européennes. Afin de se qualifier pour le second tour des élections législatives le 7 juillet, chaque candidat à la députation dans sa circonscription devra recueillir au moins 12,5 pour cent des voix au premier tour le 30 juin, parmi tous les électeurs inscrits. Par exemple, si le taux de participation au 30 juin dans une circonscription est de 50 % (en 2022 il était de 47 % dans toute la France), cela signifie qu’il faut obtenir 25 % des suffrages pour accéder au second tour, ce qui est bien plus que 14,6 pour cent, autant que la coalition gouvernementale de Macron aux élections européennes. Ainsi, sans le soutien des hommes politiques de droite et de centre-gauche, des Républicains et des Socialistes, la coalition de Macron pourrait subir une défaite écrasante au premier tour le 30 juin, alors que très peu de ses candidats parviendraient au second tour dans 577 circonscriptions.

L’Assemblée nationale a remporté 31,5 pour cent des voix aux élections européennes, permettant à Le Pen de rejeter une offre de s’associer à un autre parti d’extrême droite Reconquête, dirigé par sa nièce Marion Maréchal et Eric Zemmour, qui a obtenu dimanche 5,5 pour cent des voix. . Quoi qu’il en soit, au second tour du 7 juillet, tous les électeurs d’extrême droite voteront pour les candidats de l’Assemblée nationale, que Le Pen et Bardella auraient autrement dans presque toutes les 577 circonscriptions.

Le président du parti a verrouillé les locaux

Le seul véritable adversaire de l’Assemblée nationale sera probablement le Front populaire, fondé lundi par plus de 20 partis de gauche, dont les socialistes, la gauche radicale de Mélenchon, les Verts et les communistes. Tous les partis de gauche réunis ont obtenu dimanche 32 pour cent des voix.

Plus encore que le camp Macron, la droite gaulliste traditionnelle est fragilisée, voire chaque jour davantage. Aux élections européennes de dimanche, les Républicains, héritiers de Charles de Gaulle, Georges Pompidou, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, n’ont remporté que 7,2 pour cent des voix. Le point culminant du désastre a eu lieu lundi, lorsque le leader d’extrême droite du parti, Ciotti, a décidé de rejoindre l’Assemblée nationale, ce que la grande majorité des sénateurs et députés du parti a rejeté avec véhémence. Hier après-midi, lors d’une réunion, la direction des Républicains a expulsé Ciotti, qui n’était pas présent et qui avait auparavant fermé à clé les locaux du parti. Ciotti a alors déclaré que les procédures avaient été violées et qu’il restait président du parti.

Bénédict Lémieux

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