Le sang privé coule toujours sous la peau du public. Les rivaux pour le premier siège en France, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, ne sont pas seulement des personnalités politiques, mais aussi intimement déterminées. Ils révèlent qui ils sont « chez eux » de différentes manières – tout en descendant chacun à leur manière dans le vaste champ du jaune médiatique. Le libéral se laisse approcher assez près de la presse dangereuse, et sa femme y est également très présente, tandis que le nationaliste semble plus réservé et peut-être moins invitant.
Durant les journées bruyantes des élections, les médias décortiquent le prétendant à l’Elysée de toutes les manières possibles, mais pas seulement de manière programmatique, selon les déclarations, selon les rassemblements préélectoraux, les actions… mais les gens s’intéressent aussi aux aperçus de leurs vies. Homo politicus n’est jamais seulement homo publicus, mais dans le « privé » son rapport au prochain, au travail, à la famille, à la société…, ses valeurs se révèlent. Macron, par exemple, est un « favori » des gens plutôt détendus Paris-Matchles articles et les belles photos avec votre conjoint (en quelque sorte toujours main dans la main, même sur la plage… ) semblent être un défilé soigneusement entretenu de dévouement et de connexion inconditionnels, de bonheur conjugal.
De l’intime à l’Elysée
Le public national connaît depuis longtemps Macron – l’enfant de médecins et de professeurs du nord de la France, qui a fait carrière dans le secteur privé et public – dans les médias, et le milieu international est aujourd’hui très enthousiasmé par cette connaissance. qu’il est le leader du mouvement En Marche, âgé de 39 ans ! et candidat à la présidence de la France depuis 2007, marié à son ancienne professeure de français et de latin de 24 ans, Brigitte Macron. Lui et la dame ont eu une histoire d’amour alors qu’il était encore très jeune. Après leur mise en relation par l’école de théâtre du gymnase d’Amiens, le beau et talentueux jeune homme lui dit à l’âge de dix-sept ans : « Quoi que tu fasses, je t’épouserai ».
Photo : Éric Feferberg/AFP
Une citation vieille d’un an tirée d’une interview très médiatisée donnée par Brigitte Macron Paris-Match, est censé montrer combien d’entêtement et de passion il y a en lui pour réaliser ce qu’il veut, quels que soient tous les obstacles. Son épouse, qui ne se consacre désormais qu’à lui, à ses trois enfants (issus de son premier mariage) et à ses sept petits-enfants, se tient absolument à ses côtés : pour qu’il puisse se consacrer pleinement et sereinement à la politique. Et ce faisant, tous deux apparaissent dans la presse jaune… – car, comme l’a déclaré Emmanuel Macron à RTL début mars, en tant que possible première dame, Brigitte aurait aussi « son rôle… »; comme elle l’a toujours fait avait. » « Elle ne serait pas cachée parce qu’elle fait partie de ma vie, parce que son opinion est importante et parce que le poste de président apporte aussi quelque chose qui a une dimension personnelle. » Comme elle l’avait annoncé à Paris Match en novembre dernier, en tant qu’enseignante, j’œuvrerais pour l’éducation. « Il n’est pas normal qu’on laisse une partie de la population sans espoir ».
Une boussole pour chacun
De nombreux portraitistes du couple ambitieux estiment que la place de Brigitte Macron dans le parcours politique d’Emmanuel Macron est tout sauf marginale. Apparemment, elle n’est pas seulement son soutien moral en coulisses, la clé de sa stabilité, mais elle est aussi la première lectrice de ses discours, elle le conseille, le corrige linguistiquement, s’occupe de son emploi du temps, veille sur ce qu’il mange et ce qu’il porte, combien il dort… Dimanche, en annonçant sa victoire au premier tour, il l’a publiquement remerciée d’être toujours à ses côtés « et sans qui je ne serais pas ce que je suis ». Comme on peut le lire dans le livre Macronovi [Les Macron, Fayard], elle est sa « balance », sa « boussole », qui l’a conduit du nord lointain de la France à Paris, jusqu’au cœur politique lui-même – jusqu’à la lutte pour l’Elysée. Les batailles qu’ils ont dû mener entre-temps n’ont pas été rares – à cause du divorce, de la différence d’années et, récemment, aussi à cause des rumeurs sur la vie cachée et gay de Macron. (Aussi) La société française est pleine de préjugés et d’idées stéréotypées, elle juge, elle condamne, elle se laisse aller.
Aucun programme
Tout comme l’écrivain Mohamed Kacimi (sur son profil Facebook) se moque des discours de Macron. « ‘Je ne suis pas loin de toi, tu n’es pas loin de moi’, ‘Je sens que tu es proche, tu n’es pas loin de moi’, ‘Je te regarde dans les yeux, je ne te quitterai jamais des yeux’. … Je me demande qui écrit les discours de Macron : peut-être Marc Lévy, Musso ou Coelho [vsi so avtorji nezahtevnih svetovnih uspešnic]. S’il n’a pas encore trouvé de programme, alors il est impératif qu’il trouve au moins un rédacteur de discours… ».
Photo : Éric Feferberg/AFP
Il existe de nombreuses autres étiquettes attachées à Emmanuel Macron et des pierres d’achoppement : l’une des plus fortes est l’étiquette néolibérale (principalement parce qu’il a travaillé à la banque Rothschild), certains disent que les Français auraient le hoquet sous lui même après l’échec de Hollande, qui de d’un socialiste à un « social-démocrate » puis à un « social-libéral », voire à un « libéral »… Mais le philosophe Raphaël Glucksmann, par exemple, votera encore pour lui au second tour sans la moindre hésitation, même s’il n’a pas voté pour lui lors de la première. Comme il l’écrit dans le Nouvel Observateur, « le syncrétisme idéologique, l’individualisme libéral, l’impasse écologique » de Macron ne sont certes pas plus proches de lui qu’ils ne l’étaient dimanche, mais il s’agit désormais d’autre chose : « il y a des moments où – selon Camus – c’est il ne s’agit pas de reconstruire le monde, mais il faut éviter qu’il ne soit complètement démantelé ». … Marine Le Pen, quant à elle, promet le chaos.
« Amoureux de la culture pop subtilement charmant. Évangéliste d’Internet. Résolveur de problèmes à vie. Passionné de bière. »