Muriel Barbery voulait de l’air frais : un nouveau roman d’un écrivain français

En 2009, un film basé sur le roman a également été réalisé. Muriel Barbery il écrit dessus. Son roman a également été traduit en slovène La vie des elfeset un roman vient d’être publié en France, cette fois non pas chez Gallimard mais chez Actes Sud Une seule rose.



Avec le nouveau livre A Single Rose, elle crée un fragile tissage translucide de mots sur des questions fondamentales de la vie. Photo : EPA

Remplacer un éditeur en France n’est pas une toux de chat, surtout si l’un des livres de l’auteur est une poule aux œufs d’or, ce qui L’élégance d’un hérisson ça c’est sûr. Mais Muriel Barbery voulait de l’air frais, dit-elle Jean-Marie Leclavetinarédactrice chez Gallimard – et est allée chez Actes Sud, peut-être aussi parce qu’elle s’est sentie pressée par Gallimard d’écrire un hit similaire à L’élégance d’un hérisson. « Si je déteste quelque chose, c’est répéter les mêmes schémas «  dit-elle. « Je suis très contente d’avoir écrit L’élégance du hérisson, mais en le lisant maintenant, je trouve que le texte n’était pas encore mûr. Et L’élégance du hérisson n’est pas un livre important. Comme moi, je ne suis pas un grand écrivain. «  ajouta modestement Muriel Barbery.


Le best-seller Elegance Hedgehog a été traduit en 34 langues.  Photo: Livre jeunesse
Le best-seller Elegance Hedgehog a été traduit en 34 langues. Photo: Livre jeunesse

Mais c’est peut-être son nouveau roman Une seule rose un signe de maturité, demande Fabrice Gaignault, auteur d’un article dans LIRE – Magazine littéraire. Muriel Barbery, la plus japonaise des auteurs français, revient au plus profond d’elle-même, là où s’est imprégnée l’influence de la culture millénaire. Elle a passé deux ans au Japon et espérait que l’expérience se transformerait immédiatement en un livre, mais ce ne fut pas le cas.

Il a fallu des années et elle a dû écrire d’autres livres pour se retrouver nez à nez avec son héroïne Rosa, une jardinière française en route pour le Japon. Son père, qu’elle n’avait jamais connu, y mourut. Rosa arrive à Kyoto pour un débat sur l’héritage et tombe soudainement dans un tourbillon d’un monde complètement inconnu, d’une écriture inconnue et de sa détresse. En même temps, elle rencontre des gens comme une femme de ménage mystérieuse, une conductrice compatissante, une Anglaise sage, une poétesse qui remplace son père. Elle est conduite à travers des labyrinthes de temples en jardins, de salons de thé en auberges et cimetières, alors elle commence à connaître la culture de son père de l’autre côté du miroir. C’est dans cette atmosphère que commence le pèlerinage de Rosa vers elle-même, et le lecteur est également censé regarder à l’intérieur de lui-même et trouver la réponse à l’énigme sur le sens de l’existence humaine dans ce monde.

J’écris très tôt le matin, avec du thé vert et en compagnie de mes chats, quand mon esprit est encore frais et en prévision des événements de cette journée.

Muriel Barbery

Muriel Barbery est comme ça avec un nouveau livre Une seule rose créé un tissage translucide et fragile de mots sur des questions fondamentales de la vie. En même temps, nous comprenons encore mieux sa narration d’il y a quelques années, lorsqu’elle a visité Ljubljana et est en conversation avec Nino Gostiša a expliqué qu’elle écrit ses livres non pas sur un ordinateur mais avec un stylo sur du papier spécial. Il dit:

« J’écris au stylo dans de grands cahiers, je suis obsédée par le papier, par la texture du papier, il faut qu’il absorbe bien l’encre, mais pas trop, mon stylo est très spécial… J’écris très tôt le matin, avec thé vert et en compagnie de mes chats l’esprit encore frais et en prévision des événements de cette journée.
Puis je lis, corrige, barre plusieurs fois, rajoute… Quand le texte est plus ou moins équilibré, je le retape. Et puis je répare beaucoup de choses. Mais je ne comprends pas pourquoi les gens évitent le pouvoir du contact matériel des mains avec le papier lorsqu’ils écrivent. Il me semble qu’on agirait tout autrement de cette façon, et je trouve ça sympa. Pour moi, il est important que la feuille soit belle à regarder et que l’encre sur le papier blanc soit magnifique. Mon écriture est illisible et le papier est beau d’une certaine manière. C’est très important.
Je n’écris pas très bien, mais j’aime les mouvements de la main et la sensualité de l’encre sur papier, c’est une véritable expérience esthétique. J’ai du mal à comprendre comment la beauté d’un texte peut être séparée de la beauté des circonstances de sa création. « 

CONTRIBUTION de l’émission Svet kulture, le 24 novembre 2020, au programme ADR :

Muriel Barbery : Une seule rose

Damien Dupont

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