Sept réalisatrices, mais une gagnante, Justine Triet avec Anatomy of a Fall

Justine Triet est le prénom du Festival de Cannes de cette année. Le réalisateur français a reçu la Palme d’Or pour le film lors de la cérémonie de clôture samedi Anatomie d’une Chute) et est ainsi devenue la troisième femme à remporter le prix principal du festival, cette année déjà 76. Dans son discours, elle s’est moquée des autorités françaises et a condamné la répression des manifestations contre la réforme des retraites du président. Emmanuel Macron.

Même si les organisateurs craignaient déjà depuis longtemps avant le début du festival que le prestigieux festival soit éclipsé par des manifestants opposés à la réforme imposée, la protestation les a frappés dès la scène de la manifestation de clôture. La réalisatrice du film primé, Justine Triet, 44 ans, a condamné la répression des manifestations dans les rues de France : « Il y a eu des manifestations historiques dans le pays pour la réforme du système des retraites. Ces manifestations ont été réprimées de manière choquante », a-t-elle déclaré.

Justine Triet a bouleversé le ministre français de la Culture avec son discours. PHOTO : Patricia De Melo Moreira/Afp

Elle critique également la politique culturelle du gouvernement : « La marchandisation de la culture soutenue par ce gouvernement néolibéral détruit l’exception culturelle française, sans laquelle je ne serais pas là aujourd’hui. » Ses propos ont été immédiatement répondus par le ministre de la Culture Rima Abdoul Malak; le commentaire du réalisateur lors de l’un des événements les plus importants en France était injuste, selon elle. « Ce film n’aurait pas vu le jour sans notre modèle de financement du cinéma, qui permet une diversité unique au monde. N’oublions pas cela », a-t-elle tweeté.

Un long chemin vers sept réalisatrices

La politique française n’a donc trouvé sa place qu’à l’occasion de la grande manifestation cinématographique de la Côte d’Azur, qui a également accueilli cette année de nombreuses stars hollywoodiennes, mais qui a surtout été considérée comme un festival pourtant plus favorable aux réalisatrices. Le programme de la compétition comprenait sept films réalisés par des femmes, ce qui ne représente encore qu’un tiers du total, mais le lauréat, une légende hollywoodienne Jeanne Fonda, se souvient-elle en 1963, lors de son premier séjour à Cannes. « À l’époque, il n’y avait pas de réalisatrices dans le programme du concours et personne ne pensait qu’il y avait quelque chose de mal à cela », a-t-elle déclaré. « Nous avons parcouru un long chemin. »

Le réalisateur britannique Jonathan Glazer a remporté le grand prix.  PHOTO : Loïc Venance/Afp

Le réalisateur britannique Jonathan Glazer a remporté le grand prix. PHOTO : Loïc Venance/Afp

Un film gagnant Anatomie d’une Chute c’est aussi le film sur une femme, écrivaine en relation dysfonctionnelle, qui se retrouve devant le tribunal accusée de la mort de son mari. Le rôle a été joué par une actrice allemande Sandra Hullerqui a été déclarée par beaucoup comme la véritable gagnante du festival, puisqu’elle a également brillé dans l’autre film présenté : La zone d’intérêt par Jonathan Glazer a remporté le grand prix du jury. L’un des films les plus choquants du festival, tel que décrit par les médias, dépeint la vie d’une famille nazie dans le camp de concentration d’Auschwitz. Dans ce document, ils ne montrent pas directement les horreurs du camp, mais y font seulement allusion avec des sons de fond et des détails visuels. Pendant ce temps, l’épouse du commandant nazi (Sandra Hüller) entretient joyeusement son jardin et se vante d’être la « reine d’Auschwitz », comme le résume l’agence de presse française. AFP. Le réalisateur britannique, de retour avec ce long-métrage après dix ans d’arrêt, a exprimé ses remerciements Martin Amis, sur le travail duquel le film était en partie basé. L’écrivain est décédé un jour seulement après la première du film, le 19 mai.

L'actrice turque Merve Dizdar a été annoncée meilleure actrice pour son rôle dans le film Kuru otlar ötüne.  PHOTO : Gonzalo Fuentes/Reuters

L’actrice turque Merve Dizdar a été annoncée meilleure actrice pour son rôle dans le film Kuru otlar ötüne. PHOTO : Gonzalo Fuentes/Reuters

Autres lauréats

Le jury présidé par le lauréat de l’année dernière Ruben Ostlund (il a reçu la Palme d’Or pour Le triangle du deuil), a dédié le prix du meilleur réalisateur au cinéaste français d’origine vietnamienne À Tran Anh Hung pour le film La Passion de Dodin Bouffant avec Juliette Binoche dans le rôle principal. Le film a reçu le Prix du Jury Koulleet lehdet (Feuilles mortes) Réalisateur finlandais Aki Kaurismäkiqui concourait déjà cette année pour la cinquième Palme d’Or.

Pour le scénario du film Kaibutsu (Monstre)réalisé par un réalisateur japonais Hirokazu Kore-edaa été décerné Yuji Sakamotoselon le jury, la meilleure actrice est turque Mervé Dizdar dans le film Kuru otlar üzüne (À propos des herbes sèches)qu’il a dirigé Nuri Bilge Ceylan, elle a joué le rôle d’une enseignante.

Le meilleur acteur selon le jury est le Japonais Koji Yakusho (à gauche) dans Perfect Days réalisé par Wim Wenders (au centre).  PHOTO : Loïc Venance/Afp

Le meilleur acteur selon le jury est le Japonais Koji Yakusho (à gauche) dans Perfect Days réalisé par Wim Wenders (au centre). PHOTO : Loïc Venance/Afp

Il est le meilleur joueur selon le jury Koji Yakusho dans Des jours parfaits Wim Wenders. Tourné au Japon et en japonais par le légendaire réalisateur allemand, le film raconte l’histoire d’un homme taciturne et quelque peu antisocial d’une cinquantaine d’années qui aime les petites choses et les petits gestes et se contente de son travail de femme de ménage dans les toilettes publiques de Tokyo.

Benedict Lemieux

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