Comment nous, jeunes prêtres, payons le prix des crimes des décennies précédentes

Ces jours-ci, les médias catholiques slovènes ont été inondés d’informations selon lesquelles il y a un mois, la saga judiciaire tortueuse du prêtre Franco Klopčič, accusé il y a dix ans d’avoir abusé d’un mineur, s’était terminée.

Si l’on regarde les archives en ligne, les médias slovènes ont rapporté la croisade judiciaire de Klopčič avec beaucoup d’intérêt au cours des dix dernières années, mais cette fois – à part Ognjišče, Druzhina, Siola et STA – ils n’ont pas encore trouvé le temps et les personnes écrire sur la conclusion de cette farce criminelle au moins une ligne.

Lorsqu’un homme est acquitté, lorsque de nombreuses années de sa vie se sont écoulées, lorsque son nom est déjà sali aux yeux des crédules sans instruction et, en bref, lorsqu’un dommage irréparable a déjà été causé malgré la conclusion appropriée du procès, alors personne ne se soucie plus d’une telle personne. Les médias ont fait leur truc tant qu’ils l’ont fait « clics collectés », mais maintenant la saleté a déjà été couverte et il est évidemment dans l’intérêt de quelqu’un de le garder ainsi. « Quand le diable a des jeunes, il en a beaucoup » on dirait.

Accusé à tort

Rappelons-nous : le pasteur de l’époque à Preska était il y a plus d’une décennie, en mai 2012, confronté à des accusations d’abus sur mineur. Il a été jugé à huis clos. En mars 2017, M. France a été acquitté par le tribunal de grande instance, mais le tribunal de grande instance l’a brutalement condamné à quatre ans de prison pour un vice de procédure très controversé. La Cour suprême a annulé ce verdict et, en réexaminant l’affaire, les juges supérieurs ont décidé de renvoyer l’affaire pour un nouveau procès devant le tribunal de première instance, qui a décidé que Klopčič était innocent, et l’appel devant le tribunal supérieur a finalement été rejeté.

Je ne sais pas si j’ai réussi à saisir correctement dans ces quelques lignes le drame d’un prêtre qui a été broyé et broyé par nos tribunaux, broyé au moins deux fois et pourtant jugé encore et encore. Il a été envoyé d’une instance à l’autre comme une balle de ping-pong. Pendant ce temps, le procureur a expliqué aux caméras avec un sourire que l’acquittement du tribunal était correct « ne convainc pas ».

Je me souviens qu’au cours de ces années, nous, théologiens et prêtres, parlions à plusieurs reprises dans le sens suivant : « Smais regardez Klopčič, ce qu’ils lui ont fait, personne n’est à l’abri de ce système…« Oui, l’histoire enfin achevée de l’ancien pasteur de Preška plane comme un nuage noir sur le travail pastoral des prêtres et de l’Église en général.

Rapport du Portugal

Mais ce nuage ne plane pas sur l’Église uniquement à cause de tels événements, heureusement rares. L’origine du problème est bien sûr ailleurs. Ces jours-ci, les conclusions de l’enquête indépendante sur les abus sexuels dans l’Église catholique au Portugal résonnent également. Les chercheurs ont découvert qu’au moins 4 815 mineurs avaient été victimes d’abus sexuels depuis 1950, et ce n’est qu’une des nombreuses enquêtes menées ces dernières années dans des pays comme l’Australie, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Irlande. Dans tous les cas, les résultats ont été désastreux. Il n’y a pas longtemps, un prêtre français m’a décrit la triste situation de l’Église en France, où les résultats des recherches là-bas ont complètement dépouillé l’Église catholique de sa confiance, et avec elle aussi les croyants.

À cause de toutes ces histoires, nous, les prêtres, évitons souvent de travailler avec les jeunes, car nous avons hérité de la responsabilité sociale des crimes des décennies précédentes ; de plus, vous ne savez jamais où une personne ou une famille avide d’argent pourrait vous attendre au coin de la rue, ou quelqu’un qui vous mettra en laisse, ruinera votre vie et votre réputation, tout cela avec le soutien d’un système juridique pourri qui brûle une personne pendant dix ans soit dit en passant grillé čevapcic. Ce n’est pas comme si cela se produisait tous les jours, mais un nuage noir plane toujours sur nous.

À cause de toutes ces histoires, nous, les prêtres, évitons souvent de travailler avec les jeunes, car nous avons hérité de la responsabilité sociale des crimes des décennies précédentes.

L’appel du pape à la prière

Eh bien, parfaitement ces jours-ci, comme il le fait chaque mois, le Pape a émis une nouvelle proposition de prière, à savoir que le mois de mars sera consacré à la prière pour les victimes d’abus par des membres de l’Église. De cette façon, il essaie de mobiliser les catholiques en réponse aux défis auxquels sont confrontés l’Église et l’humanité.

La situation historique catastrophique dans le domaine de la maltraitance des mineurs a mis l’Église catholique à genoux, noirci son histoire et rendu impossible l’activité pastorale normale dans un avenir lointain.

Il n’y aura donc pas d’autre choix que d’écouter le Saint-Père : nous devons nous concentrer sur les victimes. En réponse aux cas d’abus, en particulier ceux commis par des membres de l’Église, il ne suffit pas de demander pardon, mais de se concentrer vraiment sur les victimes, « qui doit être au centre de tout. » Leur douleur et leurs blessures psychologiques ne peuvent commencer à guérir que lorsqu’ils trouvent des réponses, et ce sont des réponses « des mesures concrètes pour corriger les horreurs qu’ils ont vécues et empêcher qu’elles ne se reproduisent ».

Il faut se rendre compte qu’il y a beaucoup plus de victimes aujourd’hui, mais elles sont beaucoup plus petites : ce cauchemar empêche de travailler les jeunes générations, permet des tricheries et des faux signalements, et tout ensemble nous a plongés dans une sorte de brouillard de suspicion.

En plus des victimes réelles des crimes pédophiles dans l’Église, dont parle le Saint-Père, il y a beaucoup d’autres victimes, seulement elles sont plus petites. Aujourd’hui, chaque membre de l’Église paie à sa manière le prix des événements des dernières décennies.

Frédéric Charron

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