La politique est cynique, les intellectuels sont devenus fous

Près de Calais, dans le nord de la France, une « jungle » tristement célèbre s’étend depuis des années : un camp de fortune où les transfuges attendent le bon moment pour traverser la Manche en douce vers l’Angleterre. Ces dernières semaines, leur nombre a augmenté à pas de géant, et les conditions d’hygiène et de santé deviennent impossibles… Mais comme la politique reste cyniquement froide, les intellectuels ont commencé.

De nombreuses organisations, intellectuels, artistes et autres Français et étrangers connus et moins connus soulignent les conditions humainement insupportables à Calais et tentent de sensibiliser l’opinion publique nationale et européenne à la crise humanitaire, des migrants et des réfugiés dans le nord de la France. Il y a déjà quelques semaines, ils ont commencé à signer massivement une pétition – ce qu’on appelle l’Appel des huit cents de Calais – dans laquelle ils mettent en garde contre la nécessité d’aider les quelque 5 000 ou 6 000 femmes, hommes et enfants bloqués après de longues semaines, des mois. ou même des années de voyage vers une vie meilleure dans la « jungle » honteuse. Les scènes du bidonville improvisé sont horribles, comme le montre la pétition, déjà signée par environ 36 000 personnes. Ils doivent se contenter d’un repas par jour, l’accès aux toilettes et aux douches est limité et les conditions sont alarmantes non seulement sur le plan hygiénique, mais aussi médical.

Pendant des années, il n’y a eu aucune volonté politique sincère de la part de la France pour aider les malheureux qui ont fui vers le nord du pays à cause des guerres, des dictatures, de la pauvreté, etc. Aussi horrifiés que soient les initiateurs de l’appel, il est évident à quel point il y a une fermeture des yeux et, surtout, un silence délibéré. Mais tandis que la politique au pouvoir, qu’elle soit de droite ou désormais de gauche, place la majorité des préoccupations sur les épaules des organisations philanthropiques, des bénévoles et des personnes de bonne volonté, les sentiments hostiles de l’extrême droite à l’égard des « étrangers sur le sol français » se renforcent.

En France, qui malgré la crise reste sixième puissance économique mondiale, l’esprit réactionnaire est bien vivant et déstabilise de plus en plus la population. Comme dans de nombreux autres endroits en Europe, la démagogie se répand, affirmant qu’il n’y a pas de place pour les nouveaux arrivants pauvres, alors qu’il y a trop de pauvres locaux : que certains pauvres devraient être protégés plus que d’autres. A long terme, une telle réflexion ne peut conduire qu’au pire, « sinon au pire », c’est pourquoi les initiateurs de la pétition demandent au gouvernement d’aider les migrants de Calais. Devant les portes de l’Eurotunnel, dans une sorte de zone tampon, ils attendent pour la plupart une opportunité de se faufiler en Angleterre. Même si les organisations humanitaires françaises leur conseillent de demander l’asile en France, la plupart sont déterminés à poursuivre leur voyage vers l’Île, où ils souhaitent rejoindre un proche qui a déjà traversé la Manche.

Une action rapide

Dans la « jungle » de Calais, située à environ une heure de marche du centre-ville, le nombre de transfuges a surtout augmenté ces dernières semaines, où, selon certains médias français, Rochers en bois par exemple, jusqu’au double. L’homme politique et ministre de l’Intérieur français Bernard Cazeneuve a déclaré fin octobre qu’il fallait rendre la « jungle », que certains décrivent comme le plus grand bidonville d’Europe, « moins attractive » pour les migrants. Une telle rhétorique m’a fait penser que le public pouvait être satisfait…

L’organisation philanthropique Secours catholique et Médecins du monde et six demandeurs d’asile se sont donc déjà adressés au tribunal administratif de Lille et ont exigé que des mesures soient prises immédiatement pour faire face aux conditions impossibles dans lesquelles vivent des milliers de réfugiés à Calais. En début de semaine dernière, le tribunal a donné 48 heures à l’État français pour recenser tous les mineurs de la « jungle » et, en collaboration avec les autorités départementales du Pas-de-Calais, leur fournir un toit convenable. Elle a également reçu l’ordre de fournir de l’eau à dix endroits supplémentaires dans le campement sauvage en huit jours (jusqu’à présent, il n’y en avait que trois), d’aménager 50 toilettes, d’établir un système de collecte des déchets et d’apporter des conteneurs, ainsi que de nettoyer le camp et d’autoriser les véhicules d’urgence. accéder . A défaut, la préfecture devra payer une amende de cent euros par jour… car, comme l’a ordonné le juge, « l’Etat doit veiller à ce que les droits fondamentaux des personnes soient garantis ». Les demandes des organisations non gouvernementales d’héberger les réfugiés dans des maisons vides à Calais et de leur donner plus d’un repas par jour n’ont pas été entendues par le tribunal…

Vieille honte

La « jungle » de Calais est une honte française depuis au moins 15 ans. Les autorités ont essayé de la « nettoyer » à plusieurs reprises, mais c’est le contraire qui s’est produit. Même après la fermeture du centre d’accueil pour immigrés clandestins de la commune voisine de Sangatte en 2002 sous Sarkozy comme ministre de l’Intérieur, des tentes ont commencé à pousser dans les bois et les champs non loin de l’entrée française du tunnel sous la Manche. Les médias français avertissent depuis des années que les transfuges sont contraints de vivre dans de très mauvaises conditions, et la politique… Jusqu’à présent, elle s’est rendue à Calais de temps en temps, principalement pour rassurer la population locale, mais rien ne s’est passé. Mais il y a un peu d’espoir.

Fin août, le Premier ministre Manuel Valls a annoncé sur place la construction d’un nouveau camp humanitaire pour environ 1.500 réfugiés et migrants, pour lequel la Commission européenne a promis cinq millions d’euros supplémentaires… 1.500 places sont bien sûr disponibles. nettement insuffisant pour des milliers de transfuges – enfants, femmes et hommes – qui sont contraints de vivre sans tout au jour le jour sous un ciel doux.

Bénédict Lémieux

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